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Raízes Entre deux terres

30 juillet 2012

UNE PHOTO DE TOI, POR FAVOR ?

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Des fois, on ne se soucie plus de savoir où on va. D'où on vient ? Alors on se dit qu'on a sa place sur un mur. Sur un mur, chez quelqu'un, quelque part. Une photo d'avant, chez ceux qui nous ont connu et qui ne nous ont pas oublié. D'aujourd'hui, pour ceux qui ne se souviennent pas de notre visage, ou qui ne nous ont jamais vu. Se représenter le passé. Se présenter là, ici, maintenant, à ceux qui auraient pu nous oublier. Souviens toi, je suis là. Souviens toi de mon absence. Souvenons nous de ces représntations, de ces souvenirs que nous n'avons pas en commun. Que chacun porte en lui, déforme, arrange, détruit, pour faciliter le passage de l'histoire, tenir les membres du groupe accrochés à une histoire construite de toutes pièces, parce qu'elle sert à la cohésion. Le passé composé, recomposé, une construction littéraire. Elle pouvait pas, tu vois. Alors elle est partie. Elle avait des cailloux dans le ventre quand elle voyait l'histoire se construire, je crois que ça lui faisait mal, alors elle est partie. Ce départ, c'est son empreinte. On se tourne vers le passé, le temps originel, le secret des origines, et on cherche à se libérer des maux actuels. Et une fois que notre photo est là, entre quatre autres, qu'on a sa place au mur, avec eux, nos frères, on se sent prêt à recommencer une autre vie, avec son cortège d'épreuves. Ne plus être un morceau détaché, visualiser, comprendre ce qui a été fait et décider de ce qui maitenant va pouvoir être fait.

Des photographies dans un salon. Dans sa chambre. Sous la télévision, à côté de ses fleurs. Lieux. Images. Souvenirs. Sons. Images. Objets. Comment tu t'appelles ? C'est toi, là? C'est ta soeur, là. Mémoire généalogique et familiale ou l'histoire d'une structuration personnelle. Un point de repère. Accroches toi à ton axe biographique. Serres le bien, tords lui le bras, n'oublies pas le début de l'histoire. Tu es née quand, déjà ? Calendrier partagé, une date de naissance écrite sur un bout de papier. Parce qu'il n'y a pas que le cerveau. Il y a ce bout de papier, ces photographies sans toi. Il y a ces histoires orales, ces récits, ces mythes, ce roman familial. Des photos qui meublent le salon. Des photos qui meublent le monde. A cette maison qui devient lieu de mémoire, une galerie vivante. A ce vin argentin bu ce soir là qui fait oublier les maux, la douleur et le ressentiment. Parce qu'oublier, c'est aussi perdre l'autre. Perdre contact avec ceux qui nous entourent. C'est parfois aussi abandonner l'autre. A ces lieux de mémoires quotidiens qui nous rappellent notre identité.

 

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26 juillet 2012

HELDER FERRER

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Photographie, artiste Helder Ferrer

Inversion des genres. L'homme se déguise en femme. La femme fume comme un homme, en conquérante et séductrice. L'interdit et le fantasme se côtoient. Les carnavals urbains contemporains seraient étroitement liés à ce rituel de transformation de son apparence, de son corps, devenue autorisé dans les fêtes. Les anthropologues se sont penchés sur les racines africaines au Brésil, l'histoire de Bahia, de Rio de Janeiro, offrant une nouvelle ouverture à l'analyse des cultures afro-brésiliennes. Costumes et maquillages, Afrique mythique, autorisation de transformation des individus, bricolage identitaire participent à créer le temps d'une fête une appartenance nouvelle. Plus qu'une inversion sociale, sexuelle, corporelle, un temps de création, de jeux des représentations, d'imagination symbolique. Transformation des corps, déformation de la réalité, pour devenir autre. Au delà de l'incarnation chrétienne du carnaval, pensons à ces repères identitaires qui traversent les âges, à ces rituels du renouveau qui marquent les passages d'un état à un autre. De la vie à la mort. Le rite carnavalesque met alors en scène les rapports entre individus et groupes d’appartenance, les processus d'identification, et proposerait de recomposer ces rapports. L'homme devient femme, comme un écho au On ne naît pas femme on le devient. C'est en parcourant des souvenirs de famille, en regardant des albums photographiques de pères et de frères, qu'on peut tomber au Brésil sur des milliers de représentations qui interrogent le corps féminin et masculin, l'identité et le genre. Une pratique courante, présente, parfois accompagnée d'un « Je ne suis pas homo » lorsqu'un homme montre une photographie de lui en talon aiguille, mini jupe et perruque rose. Alors l'art trouve sa place, entre activités populaires et questions anthropologiques, sociales, proposant des œuvres prises dans ces réalités, dans cette complexité de l'être humain et de ses représentations sexuelles et identitaires. Intuitivement, cette fusion entre deux groupes distincts nommés homme et femme, s'accompagne d'un sentiment d'étrangeté lorsqu'on est confronté à une image nouvelle, à des mises en relation corporelles inédites, hors norme. Hors de la norme physique, psychologique, se rencontrent ces êtres doubles, ces mises en scènes des corps, jouant des symboliques du monstre et de l'androgyne. Entre le « un » et le « deux », ces corps étranges dépassent les limites du corps singulier. L'identité habituellement construite dans un tout indissociable, se trouve déstabilisée. Interrogation de l'équilibre dans la confusion des genres, œuvres au cœur de Paraiba, des traditions et des mythes contemporains, des corps et des représentations amplifiées, déformées dans l'imaginaire collectif. La légende de l'homme - femme rejoint l'image d'un corps anormal et de la mise en scène ritualisée aux racines brésiliennes et africaines. Le Brésil, connu pour sa composition multiple et ses identités complexes qui participent à la construction de son histoire, devient à travers le regard de Helder Ferrer le lieu de questionnement de l’auto-représentation. Des œuvres de cet artiste sont actuellement exposées au museuafrobrasil, associées à la notion d'identité brésilienne et afro-brésilienne. Un corps d'homme maquillé, coloré, rose, jaune, bleu, une action affirmée, une démarche plastique et artistique particulière, quand on pense au chemin de la dite libération de la femme qui n'étaait pas montrée une clope au bec dans les publicités, ce geste devenant pour les femmes des années 1920 un geste militant. Quand on se souvient de la question noire au Brésil, notamment de la catégorie la moins valorisée pendant plusieurs siècles, celle du Prado, le sans couleur. Inoubliable cette construction visuelle qui semble agir contre l'oubli, en écho à cette mémoire longtemps effacée, gommée. De l'inexistence à l'existence, à la revendication d'être, de choisir de ne pas être, de s'autodénominer et d'exprimer sa liberté. Une manière d'exister en affirmant son origine.  

 

 

12 juillet 2012

NOSSA SENHORA APARECIDA

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São Paulo, ville sanctuaire de Nossa Senhora Aparecida. Vierge Marie noire, mère du Brésil. Vierge Marie à la tête coupée, notre dame à la tête repêchée, au corps enveloppé dans un drap blanc. Reine du Brésil qui exauce les vœux. Sainte patronne du Brésil icône nationale. La première vierge noire ramenée en France aurait été offerte à un roi prisonnier, Saint Louis, au XVIIIème siècle. Au Proche Orient, en Egypte, elle serait la déesse de la fertilité. En lien étroit avec la lune, qui éclaire l'océan, protectrice des marins, surnommée Stella Maris, étoile de la mer. Etoile du matin, lucifer, je porte la lumière. Vierge noire, Isis aux influences positives ou négatives. Nommée aussi Astarté représentée sous  forme d'une colombe. Mi blanche, mi noire d'origine météorique comme des pierres tombées du ciel. Transformée par le judaisme et le christianisme en homme, en serviteur de Satan. Nossa Senhora Aparecida, divinité entre création et destruction, ambivalente, déesse de la dualité humaine. Marie, chaste et asexuée. Pure, immaculée. Non ambivalente. Pas très attirante, alors naquit Marie Madeleine, qui porte en elle tout ce que Marie n'est pas. Souterraine, sexuelle, femme présumée de Jésus plus que mère. Vierges noires aux énergies souterraines. Devenues dans les cultures celtes points de rencontre, centres d'énergies sous terre où les artères de la terre mère s'entrecroisent pour créer des lieux sacrés. Nossa Senhora Aparicida, ou la légende de la recomposition. Des pêcheurs trouvèrent dans la mer un corps sans tête. Puis, dans le filet suivant, apparut une tête sans corps. Ils décidèrent de recoller les morceaux, rassembler le tout, unifier la statue. Alors ce fut l'abondance, des poissons à perte de vue, une fertilité nouvelle, un raz de marée de bonheur. Depuis, Nossa Senhora exauce les souhaits les plus chers. Nossa Senhora Aparecida, ou le cantique des cantiques «  Nigra sum, sed formosa » : « Je suis noire, mais belle. »

 

 

 

 

8 juillet 2012

YEMANJA

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Orixas. Orixas qui donnent la force. Yemanja, mère de tous les orixas. Yemanja, mère de la fertilité et des eaux salées. Même quand elle se retourne dans son sommeil, elle crée de nouvelles sources. Le jour de sa création, elle vivait dans la terre. Mi déesse, mi humaine, elle agirait guidée par des forces surnaturelles à contrôler. Contrôler ses énergies divines, son corps à travers des offrandes, des sacrifices et des cérémonies. Un contrôle nécessaire au maintien de leur pouvoir. Yemanja, l'archétype du romantisme. La plus belle des femmes. La belle, la douce, pudique et raffinée. Réduite en esclavage. Docile. Un teint clair, parée de nacres. Yemanja, l'insoumise. Entre les lignes des chants de louanges aux saints du paradis, un chant d'esclave s'élève. Cacher les dieux d'Afrique sous des traits de saints catholiques. Orixas ou la résistance d'un groupe à l'oppression, chant de lutte contre l'oubli. Offrir à l'oppressé une mémoire. Yemanja, entends - tu mon appel ? Etrangère. Etrangère aux hommes. Hybride. Mi femme et mi déesse. Yemanja, allégorie du pouvoir. Par les mers, les pouvoirs politiques, économiques se sont imposés. Yemanja, Peau blanche. Yemanja, Déesse de l'océan, à la fois matrice et témoin. Yemanja, Mère de tous les hommes. Mère de toute vie. Yemanja, entends - tu mon appel ? Apprivoiser les émotions, passer les épreuves avec courage. Parfois douce, parfois violente, mère du jeu dynamique des opposés, rien ne peut lui résister. Rien ne résiste à l'eau. Yemanja, celle qui protège, entretient, berce le monde. Yemanja, celle qui noit ceux qui blessent ses enfants. De son corps est né le premier homme. De son corps sont nés les hommes. De son corps, la construction des puissances coloniales. De l'afrique à l'amérique, Yemoja est devenue Yemanja, fusionnée avec les saintes images catholiques. Yemanja, protectrice des femmes. Yemanja, protectrice de toute chose vivante. Créature fabuleuse émergeant des flots. Yemanja, mère qui accompagne ceux qui sont arrachés à leur terre. Yemanja, entends - tu mon appel ? Yemanja, à l'apparence de sainte vierge, entends - tu mon appel ?  

 

 

3 juillet 2012

A DANIELA

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Daniela n'est plus à la fac de lettres de Sao Paulo. Aujourd'hui, elle est professeur de portugais. Parce que la curiosité culturelle, et la rencontre de l'autre, pour elle, ça n'a pas de prix. Aujourd'hui, des écoles privées font payer des excursions "immersion na cidade". Elle, elle propose à ses élèves d'aller se balader, de découvrir ensemble, de ne plus être seul dans cette ville immense. Quand on arrive ici et que la langue n'est plus la sienne. Quand les proches sont loins, et qu'on se collerait presque à toutes les peaux pour communiquer, échanger, ne plus se sentir étranger. Un sentiment indescriptible de chercher l'humain quand la ville devient mouvement ou que la fin d'une journée devient étrange solitude. Daniela, amoureuse de la poésie. Qui se plonge dans Marcel Proust quand je lis Jorge Amado. Qui me fait écouter Chico Buarque, entendre et sentir le réalisme brésilien, ses symboles, ses mots où le corps n'est jamais loin, où la distance et la proximité physique et symbolique font corps pour devenir une espérance derrière un portao, et um beijo com a boca de paixao, et qui me calo com a boca de feijao, com a boca de pavor. Daniela, femme qui espère un jour passer la frontière pour rejoindre son amorado au Etats Unis. Daniela, qui veut partir d'ici et avec qui je parle entre deux verres de liberté. Daniela, comédienne qui travaille pour devenir actrice. Après les cours de langue, et la course dans le métro, parce qu'elle habite loin. Presque à la frontière de Sao Paulo. Etrangers les uns pour les autres. Etrangères l'une pour l'autre. Daniela qui me raconte la dernière histoire qu'elle a écrit, et de cette femme qui est son personage principal. "c'est la logique de la vie, elle, c'est avec les sens. Elle fait des conversations sur la vie. Elle et l'autre fille, elles sont très différentes ensemble. Elle, elle a de la relation humaine. Ses amis, ils ont pas de sensibilité. De vivre le monde à travers les sens, alors, tous les jours. Parce que les gens ne profitent pas de la vie. Et ils pleurent".

 

A Daniela.

A son étrange personnage plein de sensibilité qui lui ressemble.

A cette façon d'être au monde, intuitive et aimante.

 

         

 


             

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22 juin 2012

CLAUDIO EDINGER - PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE BRESILIENNE

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Claudio Edinger, ou une réalité inventée. La critique voit en lui un explorateur de l'âme du Brésil. Il serait un révélateur d'images qui évoquent l'âme du pays. Des portraits, des corps en mouvement, des couleurs et des formes qui assemblées les unes aux autres peignent le paysage brésilien. Mais pas seulement. L'artiste nous plonge dans l'image qui cherche à saisir l'identité nationale, brésilienne, la construction d'un pays, de ses représentations . Lui, Claudio, parle davantage de son enfance, de ses souvenirs, et réinvente ainsi la réalité, transforme, parfois embellit, et semble - t -il allège l'angoisse d'être au monde, au au contraire joue des symboles qui seraient bien tombés dans l'oubli collectif, parce que provoquants, faisant surgir de l'histoire des pages de souffrances et de solitudes. Il se souvient. Comme un homme qui poursuit son chemin, entre passé et émotions, il nous plonge dans la mémoire personnelle, celle que l'on revisite, qu'on imagine, qu'on sent. Quand la mémoire historienne nous raconte le Brésil et ses flux d'immigration, la colonisation, l'esclavage, Edinger choisit la voie des images construites pour réveiller en nous, Brésiliens, étrangers, malgré nous, des mémoires. Parce que l'humain ne se repère pas qu'à travers des chiffres, des dates anniversaires. Au - delà de notre structuration à partir de moments forts, notre point d'origine implique l'individu. L'autre. Son visage, son corps, ses yeux, son déplacement dans l'espace, ses signes d'identités, ses marques corporelles. Grande liberté dans ces souvenirs recrées, inventés, exposés en grand format, faisant de ces productions des interprétations à partager. Du récit fantasmé, rêvé, privé, intime au destin commun d'un Brésil contemporain qui aujourd'hui interroge ses récits nationaux et l'idée d'un peuple métisse. En passant par l'allégorie, le portrait, et le mythe personnel, le qui suis - je de Claudio Edinger nous porte vers l'interrogation d'un nous, d'une mémoire vibrante, mouvante, et qui révèle une partie de l'âme brésilienne telle qu'elle se voit, s'invente, se fantasme, et se construit.

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20 juin 2012

DONA FLOR ET SES DEUX MARIS

Plonger dans le Brésil, plonger dans ses écritures, ses films et ses mythes. Immersion dans un livre déroutant, où le corps des femmes porte la marque d'un Brésil qui tente d'apaiser sa douleur. Un corps féminin comme expression de quête de liberté.

DONAFLOR2DONAFLOR Actrice Sonia Braga

Parce qu'elle baissait les yeux et que lui ne baissait pas les siens. Tu es la seule femme que je puisse supporter en permanence. Les autres n'étaient que xixi. Elle seule était la permanente. Courbée sur le pried dieu, avec personne d'autre que l'absence. Si elle n'était pas une sainte, elle donnerait une fête. Pourquoi devrai - je oublier ? Avec ses yeux qui brillaient comme de l'huile. Une peau cuivrée couleur de thé. Une brune à vous rendre fou. Parce que chaque soir il gagnait une parcelle de sa résitance et de son corps. Esclave soumise, il la domina et décida de son destin. Parce qu'elle supporta les coups sans pleurer. Réaffirmant son amour. Flor prisonnière dans la chambre fermée à clef. Etouffée sous ses baisés. Flor persécutée chercha et trouva asile quand elle s'enfuit de chez sa mère. Parce que jusqu'à présent elle étouffait sa colère et sa douleur dans les oreillers. Mort. Mort, elle pouvait seulement compter sur un monde de souvenirs. Il était mort, lui, son mari. Dona Flor réfléchit à ce nouvel état. Aux transformations de son existence.

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Raízes Entre deux terres
  • Entre ma terre d'accueil et mon pays de (re)naissance. A ceux qui sont en quête de leurs racines, qui cherchent à connaître, comprendre d'où ils viennent. A nous qui sommes partagés entre deux terres.
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